Secteur du Bâtiment et Crise du Covid-19 : état des lieux

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Alors que l’année 2020 s’annonçait florissante pour le secteur du bâtiment, les perspectives de croissance s’annoncent plus limitées. En avril 2020, la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment estimait que plus de 80 % des entreprises sur secteur étaient à l’arrêt. Avec l’annonce du déconfinement, l’activité reprend peu à peu. Le secteur reste néanmoins confronté à de nombreux challenges et quelques incertitudes. État des lieux. 

BTP : entre reprise de l’activité et incertitudes

La reprise quasi-totale de l’activité 

Particulièrement touché par le confinement et l’arrêt des activités, le secteur du bâtiment et des travaux publics se remet peu à peu en marche. En avril, sur l’ensemble du territoire, l’activité avait chuté de plus de 88 %. À ce jour, le gouvernement estime que la quasi-totalité des chantiers a redémarré en France. Ils étaient à peine la moitié à la mi-mai.

À titre d’exemple, le 27 mai 2020, la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) estimait que 95 % des chantiers de la région Île-de-France avaient redémarré, ce qui représente environ 60 000 logements.

Les professionnels du secteur restent néanmoins prudents. Si cette reprise est évidente, le retour à la normale ne peut pas être envisagé avant le mois de septembre. En cause, les risques sanitaires et les mesures de distanciation sociales imposées, mais également les nombreux litiges liés aux surcoûts et aux nombreux retards.

Des incertitudes pour l’avenir du BTP

La note de conjoncture, diffusée le 22 avril par l’Union des entreprises de proximité, confirme que les entreprises du secteur ont été particulièrement impactées par la crise sanitaire et par les mesures de confinement. Le BTP a ainsi connu une baisse équivalente à celle observée dans l’hôtellerie et la restauration, alors même que ce secteur n’a pas fait l’objet d’une fermeture administrative.

À ces difficultés économiques s’ajoutent de nombreuses incertitudes. Le report des élections municipales a par exemple plutôt joué en défaveur du secteur. Nombre de futurs chantiers sont en effet conditionnés à l’élection des nouveaux conseils municipaux (et des communautés de communes), responsables des questions relatives à la gestion de l’eau, à l’assainissement, à l’habitat ou encore aux équipements publics.

La suspension des Assemblées Générales des copropriétaires a également engendré le report, voire l’annulation de certains travaux.

Le manque de visibilité des entreprises de bâtiment sur les commandes et chantiers à venir est évident. La multiplication des délais publics et privés pourrait mettre en péril des entreprises dont la trésorerie a déjà beaucoup souffert.

De nouveaux challenges pour le secteur du BTP

Si le secteur reprend peu à peu de la vigueur, les challenges sont nombreux et beaucoup d’entreprises du BTP peinent encore à trouver leurs marques.

Les impératifs sanitaires : une organisation complexe à mettre en œuvre

Le virus n’a pas disparu et les responsables de chantiers doivent protéger leurs ouvriers. Au-delà de la distribution des masques et de gel hydroalcoolique, des mesures de distanciation sociale sont donc mises en place, non sans difficultés. Sur les chantiers, il est en effet difficile en termes d’organisation, de faire intervenir chaque corps de métier séparément afin d’éviter qu’ils ne se croisent. Les travaux de rénovation qui ont souvent lieu dans des locaux habités sont encore plus complexes à organiser. Il faut, en effet, aussi y limiter les contacts avec les résidents.

Au regard de ces nouvelles obligations sanitaires, les promoteurs risquent d’accumuler des retards dans la livraison de leurs ouvrages. Les entreprises du bâtiment doivent donc revoir leur planning et s’organiser afin de réduire les risques de contamination, mais aussi de litiges avec leurs clients.

Des difficultés d’approvisionnement qui retardent les chantiers

À ces contraintes organisationnelles s’ajoutent des difficultés d’approvisionnement des matériaux.

Même si la situation tend à s’améliorer, certains fournisseurs ont accumulé de gros retards à la suite de la fermeture de leurs usines de production. Difficile, dans ces conditions, de recevoir le matériel nécessaire pour avancer les constructions, mais également d’obtenir des réponses claires des fournisseurs sur les délais de livraison. Certains chantiers ne peuvent donc pas être démarrés. Pour d’autres, déjà en cours, les retards pourraient être de plusieurs semaines.

Cette situation pourrait d’ailleurs perdurer au moins jusqu’en septembre, le temps que les retards de production des fournisseurs soient absorbés.

Bon à savoir : Les pénalités de retard sont suspendues
Une ordonnance du 25 mars a reporté les pénalités en cas de retard de livraison d’un chantier ou de travaux, dont la livraison devait avoir lieu pendant la crise sanitaire.

Par exemple, si un chantier devait être livré le 28 mars 2020, soit 16 jours après le début de la période d’urgence sanitaire, les pénalités ne pourront être appliquées que si la livraison n’a toujours pas eu lieu 16 jours suivant la fin de la période d’urgence plus 1 mois.

L’engorgement des permis de construire

Enfin, les professionnels du secteur devront faire face à des retards dans la délivrance des permis de construire en raison d’un engorgement des demandes.

En effet, l’ordonnance n°2020-306 prise après la promulgation de la loi sur l’état d’urgence sanitaire a notamment prévu la fermeture des services d’instruction des permis de construire pour toutes les demandes déposées après le 12 mars. Leur instruction démarrera, au mieux, 1 mois après la sortie de crise.

Heureusement, l’ordonnance du 15 avril a permis la reprise des instructions des autorisations d’urbanisme depuis le 24 mai 2020. Cela dit, les retards accumulés par les administrations mettront sans doute plusieurs semaines à être résorbés.

Alors que l’activité du BTP reprend, les défis et les incertitudes restent nombreux pour ce secteur durement touché par la crise. À l’occasion de la présentation en Conseil des ministres, mercredi 10 juin, du 3e projet de loi de finances rectificative pour 2020, le Gouvernement a présenté les mesures de soutien mises en place pour accompagner la reprise d’activité de votre secteur. Il faut dire que le bâtiment, qui représente 11 % du PIB et emploie plus de 2 millions de personnes, reste vital à l’économie du pays.

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